Marina Berts

Textile Artist and Researcher

Les clichés autour du haut potentiel me font rire!

Les clichés et stéréotypes autour du haut potentiel me font rire! Oui, oui, c’est vrai. Lorsque des journalistes s’attellent à écrire des articles sur les personnes à haut potentiel et qu’ils/elles ne se renseignent pas mais surfent sur des platitudes, des clichés et des stéréotypes. Lorsque quelqu’un me pose des questions sur mon parcours professionnel et découvre avec stupeur que je ne suis ni CEO d’une grande multinationale, ni Prix Nobel en mathématiques. « Tu m’as bien dit que tu étais HP? » veut-il encore savoir, d’un air dubitatif, puisque je ne correspond pas à son stéréotype de ce que devrait être une personne HP.

Oui, les clichés et stéréotypes divers ont de beaux jours devant eux en ce qui concerne le haut potentiel. Soit on pense que la personne HP est superintelligente et a beaucoup de succès sur le plan professionnel, soit on pense que la personne est dépressive, remplie de soucis, de traumatismes et de problèmes, donc un échec complet. Même les coachs nourrissent des clichés par rapport aux personnes HP. Pendant une discussion avec une autre coach, je l’ai entendue s’exclamer « Le pauvre! » lorsqu’elle a parlé d’une personne qu’elle accompagnait et qui était HP.

Oui, je le redis – tous ces stéréotypes et clichés me font rire. Au début, lorsque j’ai compris l’ampleur de ce que veut dire être une personne à haut potentiel, j’étais frustrée de constater autant d’ignorance et de malentendus parmi les neurotypiques. Maintenant, 7 ans plus tard, j’en ris. Bon, cela fait 20 ans que je sais que je suis une personne à haut potentiel, mais à l’époque, l’information était plutôt lacunaire et je n’avais pas réalisé que je suis vraiment très différente des personnes neurotypiques. La différence est en général mal interprétée, mal comprise et souvent rejetée lorsqu’elle n’est pas carrément ignorée, et cela a été ainsi depuis que l’Homme est conscient de lui-même, je pense. Le haut potentiel et l’hypersensibilité sont bel et bien des différences, des différences existant chez une minorité de personnes. Et comme les minorités sont souvent très mal comprises à cause de leurs différences, il n’est pas bizarre que les personnes HP fassent l’objet d’incompréhension. Quel dommage que le haut potentiel soit constamment associé à la souffrance et à l’échec dans la vie, en Suisse et en France! Dans les pays nordiques et anglo-saxons, le HP est considéré comme un don et un talent à utiliser, pour le bien de toutes et tous.

Voyez seulement cet article dans le Femina en 2014 (Eva Grau, 18 février). En premier, du factuel très intéressant, des tuyaux, des liens qui peuvent renseigner. Puis à la fin, la rubrique « Ils ont réussi ‘malgré’ un qi hors norme », juste pour montrer que les personnes à haut potentiel sont de véritables cracs. Einstein, Jodie Foster, le couple Clinton, les frères Bogdanov. Ah oui, ces exemples me rassurent, absolument! « Malgré » leur qi, ces gens ont réussi leur vie! Tandis que les autres….. bof, quoi. Et justement, nous, les autres, qui n’avons pas atteint une notoriété quelconque? En tant que personne à haut potentiel, est-ce que nous avons un devoir de briller au-dessus des autres, au-dessus de la personne qui est neurotypique, de montrer notre fantastique potentiel, même que parfois nous ignorons qu’il est là? Malgré le fait qu’il est souvent piétiné et ignoré lorsqu’il est aperçu par les autres?

Et ensuite, on enfonce encore le clou dans l’article suivant, en mars (Eva Grau, 24 mars 2014). Deux journalistes participent au test de Mensa. L’une reçoit le résultat de 102, l’autre de 118. Ce sont les commentaires qui me font rire, pas parce que je suis coach (bon, un tout petit peu, bien sûr) mais bien parce que je suis une personne à haut potentiel. Voici les commentaires que je trouve absolument marrants parce qu’ils sont tellement représentatifs des clichés de ce qu’est la personne HP:

  • « La logique, ce n’est pas mon truc »
  • « Bon, je ne suis pas un génie de la logique… Mais je suis capable de toucher le bout de mon nez avec ma langue »
  • « On ne peut pas être brillant en tout »
  • « Je n’ai jamais compris certaines notions mathématiques »
  • « Serais-je un surdoué, au même titre qu’Einstein (ou les frères Bogdanov, mais passons…)? »
  • « Devrais-je postuler auprès de l’Académie française, du CERN ou de la NASA? »
  • « Selon les savants calculs de Mensa, je serais donc plus intelligent que 88,5% de la population. Ça me fait une belle jambe: je n’ai jamais réussi à calculer un pourcentage. Jamais. »

Ce qui ressort de cet article, c’est que la personne surdouée devrait être comme Einstein, très calée en mathématiques, pouvant automatiquement prétendre à un poste à la NASA ou au CERN, et donc être ‘plus intelligente’ que les autres. Cependant, je ne vois aucune trace dans cet article du haut potentiel émotionnel qui existe chez les personnes HP, ni sur leur rapidité au travail ou sur les liens qu’une personne HP fait spontanément entre des éléments qui, en apparence, n’en ont pas. 

Oui, tout cela me fait rire. Parce que, aujourd’hui, nous savons que l’intelligence est bien plus que les maths, que l’intelligence a des visages multiples, et que la personne à haut potentiel peut s’épanouir (ou pas) dans des domaines très divers. Parce que, encore et toujours, les vieux stéréotypes et clichés sont bien ancrés dans les têtes de Madame et Monsieur Tartempion.

Arrêtons donc de nous morfondre, nous les personnes HP, sur le manque de (re)connaissances des autres. Rions plutôt, pour devenir visibles. Rions pas méchamment mais avec de la bienveillance et de l’empathie. C’est vrai que la question du haut potentiel a été mal interprétée et mal comprise jusqu’à présent, donc laissons le temps aux scientifiques et aux spécialistes de se pencher sur ce haut potentiel que nous n’arrivons pas encore très bien à définir. Et nous-mêmes, nous pouvons renseigner les autres sur ce que signifie être une personne à haut potentiel. S’il n’y avait pas eu des pionnières et des suffragettes, le droit de vote des femmes n’existerait pas. C’est la même chose pour le haut potentiel: si personne n’en parle ni donne les bons renseignements, la situation ne changera jamais.

Rions donc, parce que si nous ne rions pas, nous allons pleurer et nous considérer malheureux ou malchanceux d’être si peu compris et seul.e.s. Par une attitude bienveillante quoique ferme envers nous-mêmes et les autres, nous pouvons montrer qui nous sommes réellement. Et surtout, oser dire que nous sommes des personnes à haut potentiel. Tant de surdoué.e.s cachent cela, peut-être par peur d’être jugé.e.s et du rejet ou par peur d’être différent.e.s. De toute manière, nous serons toujours différent.e.s, et c’est un fait neurologique, que nous le voulions ou pas.

La différence, c’est ok. Cependant, la différence ne va pas être vue ni comprise si nous essayons de la cacher. Donc montrez-là, si vous êtes vous-même à haut potentiel, au lieu de vous faire tout petit.e.s, tout en espérant ne pas être remarqué.e.s. Montrez vos passions, votre hypersensibilité qui est un cadeaux précieux dans beaucoup de métiers, expliquez aux autres qui vous êtes et pour quelle(s) raison(s) vous avez l’impression d’être en décalage. Vous avez peur du rejet? Alors découvrez par un coaching quel genre de rejet vous fait peur, pour quelle raison cela vous fait peur et surtout comment réduire les conséquences d’un éventuel rejet.

Et rions ensemble! Un jour viendra lorsque le haut potentiel sera compris, reconnu et apprécié. Ce jour n’est pas tout à fait là encore. Ca dépend de vous. Aussi. Et ça sera plus facile si vous riez avec moi, parce que si vous passez votre temps à pleurer et à vous cacher, ce serait un gaspillage terrible!

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