Marina Berts

Textile Artist and Researcher

Moi, Marina

Euh, ça fait un peu « Moi, Claudius »… bref, voici une description très lacunaire de qui, et quoi, je suis.

Marina – celle-ci …..

Extraterrestre….

Je me sens comme une extraterrestre, et c’est le sentiment que j’ai eu la majeure partie de ma vie. Je me sens différente. Je suis différente. J’ai l’impression de venir d’une autre planète.

L’être humain est complexe, et je dois dire que depuis que je me connais mieux moi-même, j’en apprends tous les jours sur les autres aussi. Les règles non-écrites, par exemple, ne sont pas évidentes pour moi – je trouve dommage que dans la société, nous ne puissions pas être plus transparent.e.s les un.e.s avec les autres. En général, je reste toujours discrète avec les autres, mais lorsque je crée une relation de confiance avec autrui, je peux devenir franche et directe. Cela peut surprendre, puisque ce n’est pas forcément l’image reçue lorsqu’on me rencontre pour la première fois.

Je me suis toujours bougée entre des cultures différentes et des sensibilités différentes, ce qui fait que je m’adapte assez facilement à mon environnement. Cela exige bien entendu des efforts ainsi que de développer une compréhension d’autrui et des valeurs culturelles. Cet apprentissage est passionnant bien que pas forcément de tout repos!

Etoiles

Avec un parcours diversifié….

Ce n’est pas par choix que j’ai ce qui est appelé « un parcours professionnel diversifié ». Vivant en Suisse et ayant un diplôme universitaire étranger, je n’ai pas eu l’occasion d’accéder à certains jobs. J’ai donc dû accepter les postes qui m’étaient accessibles, entre des périodes de chômage, ce qui n’a pas toujours été très stimulant ni gratifiant.

Sur le marché du travail, je suis qualifiée ‘d’instable’ parce que j’ai exercé plusieurs métiers différents: opératrice de saisie, secrétaire, formatrice, pédagogue, enseignante, vendeuse, monitrice en dentelle, brodeuse d’art, coach. Selon certain.e.s, ces domaines n’ont rien en commun. Pour moi, il existe des liens relativement évidents (bon, sauf pour ‘opératrice de saisie’). Le lien, c’est l’humain,  l’apprentissage et la transmission. Mais c’est vrai, je n’ai pas eu l’occasion de suivre une trajectoire linéaire, considérée comme ‘normale’ dans le monde du travail aujourd’hui. La valorisation d’une carrière linéaire (et par conséquent la dévalorisation d’un parcours dit ‘chaotique’) est assez généralisée dans la société suisse, et c’est donc cela qui m’a poussée à créer mes activités indépendantes.

Et ce n’est pas fini – je continue à me diversifier et à bouger dans des domaines variés. Pour moi, ce n’est pas le but qui est l’essentiel mais le chemin que je parcours et les apprentissages à réaliser tout au long de ce parcours qu’est la vie. Apprendre, c’est essentiel dans ma vie.

Toujours « trop »….

Pour les autres, je suis très souvent ‘trop’ – trop rapide, trop embrouillée, trop sensible, trop perfectionniste, trop rigide, trop exigeante et j’en passe. Je suis peut-être ‘trop’ pour vous, mais pour moi je suis tout simplement ‘très’. Très sensible, très rapide, très perfectionniste et exigeante, très montagne-russe dans mon humeur, très joyeuse et dynamique si on accueille mes émotions et mon énergie sans jalousie. Je veux être juste moi. Très.

Têtue mais raisonnable…

Mon mari et moi rions de nos convictions: lui est obstiné et moi, je suis têtue. C’est vrai, lorsque je crois en quelque chose, lorsque je suis persuadée de quelque chose, je n’en démords pas. A moins que tu me démontres le contraire! Donc le fait que mes convictions soient fortes peut parfois donner l’impression que je suis têtue. Et peut-être que je le suis! Mais je ne suis pas déraisonnable, et c’est cela l’essentiel.

A haut potentiel….

J’ai découvert mon haut potentiel à l’âge de 35 ans, tout à fait par hasard. Par hasard aussi, je suis tombée sur d’autres personnes à haut potentiel qui se tiraient dans les pattes, qui se dénigraient et jouaient à un petit jeu de pouvoir par chantage émotionnel. Je me suis dite : « Si c’est ça d’être surdouée, je ne veux pas l’être! ». Et j’ai tout mis de côté et j’ai essayé de tout oublier. Grande erreur! 15 ans plus tard, dans un moment de grande crise, tout m’a explosé à la figure. Ma différence, ma rapidité, mes erreurs de communication, mon hypersensibilité, mes difficultés à comprendre les autres, mes valeurs en béton, ma loyauté, mon perfectionnisme… cela m’est tombé dessus d’une force inouïe et ne m’a pas épargnée.

Pendant des années, j’ai donc galéré dans un brouillard épais, ne comprenant pas le décalage qui existe entre ma perception des choses et celle des autres. Puis soudain, le brouillard s’est dissipé grâce à ce que j’appelle ‘mon identité de hp’. C’est la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie, à part la fabuleuse rencontre avec mon mari! La prise de conscience de mon haut potentiel et de mon hypersensibilité a été un réel tournant dans ma vie.

Multipotentielle….

Apprendre est vital pour moi. Apprendre encore plus, toujours plus. Ma curiosité est débordante. Si je m’arrête d’apprendre, je meurs. Ou au moins, je me ratatine, je me recroqueville sur moi-même, je me flétris, je commence à m’ennuyer et je me sens vide puisque la vie sans apprentissage n’a plus aucun sens pour moi. Je plonge dans la dépression et les pensées noires. La soif d’apprendre est donc toujours là, et tout (ou presque) m’intéresse. Bon, là, je vous raconte des balivernes : le marketing, les finances, le courtage en immobilier et le marathon ne m’intéressent pas du tout!

Tout au long de ma vie, j’ai eu beaucoup de loisirs, et il m’est arrivé de faire d’un loisir une activité professionnelle. Mes loisirs changent avec le temps – j’ai fait de la danse médiévale, du tai-chi, du tissage, j’ai joué de l’accordéon pendant 5 ans, et j’en passe. Maintenant, j’ai envie de faire autre chose. Peut-être apprendre à jouer la vielle à roue ou apprendre la langue des signes?

Je me cherche constamment, et le fait de choisir UNE chose, UN loisir ou UN métier m’est totalement impossible. J’ai besoin d’évoluer, de changer, de créer des liens entre ce que j’apprends et les applications pratiques des apprentissages. J’ai besoin de créativité.

 

… ou celle-là?

Loyale et souriante…

Mon sens de loyauté est marqué. Lorsque je travaille pour un employeur et que je suis respectée, bien traitée et valorisée, ma loyauté vis-à-vis de ma hiérarchie n’a pas de limites. Ou presque. Si tu gagnes ma confiance et te montre gentil.le et attentif.ive avec moi, je me montrerai loyale et serai là pour t’aider, pour te soutenir et t’accompagner dans les choses que tu entreprends, tout en respectant mes propres limites. Les couteaux dans le dos et le manque de respect, par contre, feront l’effet contraire. Je suis toujours ouverte à la discussion et à la communication, et je pense que la société bénéficierait d’un peu plus de solidarité entre ses membres.

Le sourire est très important pour moi. C’est comme une fenêtre ouverte sur un extérieur – ou peut-être un intérieur -qui est à découvrir. Une ouverture vers l’autre, une invitation vers le partage et la reconnaissance. Donc j’ai envie de sourire, parce que la vie c’est cela: la possibilité de partager, d’apprendre et de connaître l’autre. 

Hypersensible….

J’adore voir pousser les plantes, ressentir leur force vitale, et je parle à mes fleurs d’intérieur en les arrosant. Je vais admirer les énormes arbres au Parque de Montbenon à Lausanne, et je rendais régulièrement visite à un chêne en face de l’Ecole des métiers de Lausanne – depuis, il a été coupé pour laisser de la place pour le nouveau trame qui circulera entre Lausanne et Renens. Mais il y aura d’autres arbres, et j’irai les découvrir!

Lorsque je vous souris et que vous ne me répondez pas par un sourire, je suis un peu triste. Je pleure lorsque j’écoute le Lacrimosa du Requiem de Mozart et Rigoletto qui cherche sa fille, enlevée, et qui demande pitié aux courtisans. Ca déchire mon intérieur.

Un tout petit commentaire mal placé peut me faire  souffrir pendant des heures. Une injustice (ou ce que je considère comme telle) me pourrit la vie pendant des semaines, et ça peut faire très mal. J’ai toujours envie d’aider les personnes qui sont victimes d’injustices et qui se trouvent dans une situation fragile et difficile, comme par exemple les femmes fuyant la guerre en Ukraine. 

Parfois, je ressens la colère des autres comme une gifle ou un coup de poing dans le ventre. Lorsque j’étais enfant, on me disait que j’étais ‘trop’ sensible et que je m’imaginais des choses. Ce n’est pas vrai.  Aujourd’hui, je valorise mon hypersensibilité qui m’ouvre les portes d’un monde phénoménal et très beau. Par contre, je ne la dévoile pas souvent et la garde plutôt pour moi et pour les personnes qui l’apprécient.

Décalée….

Le décalage, ça me connaît. Dans mes émotions, dans mes actes et mes paroles, je me sens constamment en décalage. Soit je vais ‘trop’ vite, soit je mets ‘trop’ d’attention sur les détails, soit je vois des liens là où les autres ne voient que des particules isolées. Soit j’ai déjà trois pas d’avance dans la discussion, soit je m’ennuie et pars dans mes propres pensées et rate ce que disent les autres.

Même mon humour est décalé, au 15e degré, et la plupart du temps, les autres ne comprennent pas mes blagues ou ne rient pas aux mêmes endroits que moi au cinéma. Avec les années, j’ai commencé à utiliser de l’humour noire et surtout beaucoup d’ironie. Par exemple, lorsqu’on nous fait peur avec le nombre d’infectés par le coronavirus, je trouve cela totalement dingue parce que ça ne sert à rien d’avoir peur. Et sur Facebook, j’écris, avec ironie et sarcasme « Oh my God, we’re all going to die! », avec un smiley qui pleure de rire, pour bien marquer que je ne suis pas sérieuse. Et pourtant, des ami.e.s me prennent au sérieux et me répondent « Ah bon, c’est seulement maintenant que tu le comprends? ». Je trouve cela très triste et énervant. Mon décalage se fait ressentir!

En tout cas, j’ai l’impression de ne pas être dans le ‘mainstream’, ça c’est sûr! J’ai appris à reconnaître les signes du décalage et d’y faire attention, et malgré tout, à chaque fois, je trouve la situation de décalage assez surprenante. Savoir l’identifier est pourtant un grand pas en avant. Ceci dit, j’apprécie les contacts sociaux avec tout le monde, bien que j’aie besoin de me ressourcer toute seule. J’adore partager tout et rien avec d’autres personnes décalées puisque c’est vraiment là que je me sens comme un poisson dans l’eau!

Naïve, intense et dérangeante….

J’ai le don de mettre le doigt sur ce qui dérange, capacité très appréciée dans ma posture de coache ou de formatrice, mais pas trop par la plupart des gens dans la vie courante. Dans ma grande naïveté, j’attire parfois l’attention sur ce qui m’interpelle et ce qui me paraît évident, et en tant que réponse, on me tape sur les doigts ou on se fâche. Donc je remue là où c’est dangereux, là où d’autres ne veulent pas aller. Pourtant pour moi, c’est tellement évident! Oui, je mets le doigt juste là où ça fait mal (aïe!). J’essaie donc de faire plus attention à mon hygiène verbale dans le but de ne pas heurter la sensibilité des autres. Parfois ça marche, parfois pas. L’essentiel, c’est que mon entourage comprenne que je ne le fais pas exprès dans le but de faire du mal. C’est tout simplement une question de naïveté de ma part – je vois ce que ne voient pas les autres.

J’ai beaucoup de facilité à capter les états émotionnels des autres. Je suis une réelle éponge émotionnelle, ce qui était pénible avant que je n’apprenne à bien faire la distinction entre mes états émotionnels et ceux des autres qui ne m’appartiennent pas. En effet, pendant une conversation, certaines choses me sautent aux yeux, par exemple un petit changement dans l’attitude corporelle (lié à une peur, par exemple), une variation dans les muscles autour des yeux ou une douleur intérieure, autant physique que psychique. Je le vois, je le sens. C’est évident pour moi. Ma curiosité m’amène à demander ce qui se passe pour l’autre. Souvent, l’autre ignore totalement de quoi je parle ou alors la personne se fâche parce que je rentre dans son intimité sans lui en avoir demandé la permission.

Etant hypersensible et très créative, je suis intense et je bouillonne constamment. Cela fait souvent peur aux autres. C’est pourquoi je ne me dévoile pas tout de suite et je reste discrète. J’ai besoin d’établir une relation de confiance avec l’autre pour me permettre d’exprimer mon intensité dans toute sa beauté sans effrayer l’autre. Donc je peux paraître timide, retirée ou introvertie, mais c’est parce que tu/vous ne me connaissez pas suffisamment pour me voir telle que je suis.

Arborescence

Dans ma vie, j’ai souvent fait l’objet de chantage émotionnel de proches, de rejet et d’exclusion, de dévalorisation (par les autres et par  moi-même) et de l’auto-critique, j’ai adopté le syndrome de l’imposteur, et j’ai même eu un burn-out et ai passé à travers une dépression existentielle. Je m’en sors très bien maintenant que je me connais mieux et que je comprends mieux les autres. Et pourtant, ce n’est pas facile tous les jours. Mais je pense que c’est pareil pour tout le monde – nous avons toutes et tous nos difficultés, nos peines et nos joies. L’essentiel, c’est de bien se connaître et de mettre ses limites!