Êtes-vous fière.fier de vous? Si vous êtes une personne à haut potentiel, cela me surprendrait beaucoup! Pensez-vous de temps en temps que vous avez fait quelque chose de bien et que vous êtes satisfait.e du résultat? Devant les autres, parlez-vous de vous-même de manière positive, en soulignant tout le bien que vous avez fait et faites encore autour de vous? Si vous êtes une personne à haut potentiel, ce n’est probablement pas le cas! La personne à haut potentiel cherche la perfection. Par conséquent, le résultat de ses actions n’est jamais suffisant, jamais satisfaisant. Nous, les personnes à haut potentiel, nous savons que nous aurions pu – ou même dû – faire mieux. Par jalousie, les autres nous le font bien remarquer, d’ailleurs. Toujours plus. Toujours mieux. Et ce que nous avons fait de bien, ça devient rien. Juste « un truc ».
En effet, la personne à haut potentiel a beaucoup de peine à se lancer des fleurs, même à admettre qu’elle a fait quelque chose de bien. Il y aura toujours un « oui mais…. ». Oui mais c’était facile. Oui mais j’ai travaillé en équipe et je n’ai pas fait cela tout.e seul.e. Oui mais j’ai eu suffisamment de temps. Oui mais j’ai eu de l’aide. Oui mais.
Par contre, lorsque la personne à haut potentiel fait une erreur, elle en est souvent anéantie et est en général prête à admettre son erreur. Et elle se remet à nouveau en question – jamais assez bien. Oui, c’est ma faute, j’aurais dû…. j’aurais pu…. il aurait fallu…. il fallait….. « Pardon, la prochaine fois, je ferai différemment – je ferai comme tu veux! » Pleine de remords, elle se plie en quatre pour satisfaire l’autre. L’autre le remarque et en profite en faisant du chantage émotionnel du genre « tu es égoïste, tu ne penses qu’à toi! ». Dans la lancée, la personne hp souffre et se sent franchement nulle, parce qu’être égoïste, c’est insupportable, elle qui veut sauver le monde. Et la fierté qu’elle aurait pu ressentir s’évapore comme par magie, même lorsqu’elle a fait quelque chose de TRÈS bien. Vous vous reconnaissez? Je pense que oui.
Donc réfléchissons ensemble. De quoi êtes-vous fière.fier aujourd’hui?
Je ne vous lâcherai pas…. de quoi êtes-vous fière.fier? Ah, dans votre modestie, vous ne voulez pas être la.le premier.ère à le dire? Alors je vais commencer!
Aujourd’hui, je suis fière d’avoir reçu la note de 5,5 (sur 6) pour un travail écrit sur l’identité numérique sur Internet. Le prof va même probablement publier mon travail sur le site web du cours. En fait, à l’âge de 18 ans, je ne parlais même pas correctement le français, j’avais un monstre accent vaudois et ne savais même pas lire le français (oui oui, je suis étrangère, j’ai grandi en Finlande). Depuis, j’ai fait (au gymnase) tout le programme de 3 ans du français en tant que langue étrangère en une année seulement (eh bien, il a fallu bosser, mais ce n’était pas trop difficile…). J’ai fait un MA en anglais et français en tant que branche secondaire, j’ai obtenu un diplôme d’enseignement du français en tant que langue étrangère et j’ai enseigné le français dans plusieurs pays différents. Je me suis installée en Suisse à l’âge de 30 ans et j’ai appris à écrire des recours en français contre les décisions des autorités lorsque cela était nécessaire. J’ai appris comment m’adresser par courrier aux personnes que je ne connais pas (« En attendant votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur…. » – vous connaissez cela!), j’ai écris de nombreuses lettres d’accompagnement très créatives en cherchant du boulot et j’ai appris à m’exprimer avec élégance et sans aller droit au but en général, pour ne pas paraître trop franche. Et aujourd’hui, j’ai reçu une très bonne note dans un travail écrit pour mes études MA en Humanités numériques à l’Université de Lausanne. Et je suis très fière de moi – c’est un sacré parcours. Oui, je suis fière. En tout cas, juste un petit moment, avant que mon saboteur ne vienne me dire « Oui mais c’est normal pour toi »…
Et vous, vous êtes fière.fier de quoi?